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FOIRE AUX QUESTIONS

Toute personne qui joue à des jeux d’argent s’expose au risque de développement d’un problème de jeu. Deux questions permettent d’identifier un éventuel problème de jeu :

  1. Avez-vous déjà dû mentir à des personnes proches concernant votre comportement relatif aux jeux d’argent ?
  2. Avez-vous déjà ressenti le besoin de miser toujours plus d’argent ?

Si vous avez répondu « oui » à au moins une de ces questions, vous avez peut-être un problème de jeu : il convient d’investiguer plus sérieusement.

Le jeu pathologique est un trouble psychique reconnu par l’Organisation mondiale de la santé et est classé par le DSM-5 (ouvrage de référence en matière de psychiatrie) dans la section des troubles addictifs. 

Le jeu problématique survient lorsqu’un joueur présente des difficultés avec son comportement de jeu sans toutefois répondre à l’ensemble des critères cliniques du jeu pathologique.

Le terme de jeu excessif englobe à la fois le jeu problématique et le jeu pathologique. 

La somme d’argent dépensée par une personne dans le jeu ne permet pas de dire à elle seule si la personne a un problème. Un individu financièrement à l’aise peut jouer plusieurs milliers de francs par année sans que cela soit un problème pour lui. En fait, les petites sommes que joue une personne ayant un faible revenu se révèlent beaucoup plus problématiques si celles-ci prennent le dessus sur le paiement des factures. Le jeu devient excessif lorsqu’il génère plus de difficultés dans la vie de la personne que de divertissement.

En bref, une perte de maitrise du comportement de jeu ainsi que la présence de souffrance sont de bons indicateurs pour signaler que le jeu est devenu un problème.

Il est reconnu que la dépendance au jeu est souvent associée avec d’autres formes de dépendance, principalement au tabac et à l’alcool. Les problèmes de santé associés avec le jeu excessif sont appelés des comorbidités. L’anxiété et la dépression sont également associées au jeu excessif. Une étude a démontré que les joueuses et joueurs pathologiques présentent trois plus souvent les critères diagnostiques de la dépression que la population non-joueuse.

 

Des chercheurs ont établi que jusqu’à 90% des joueuses et joueurs excessifs ont déjà eu des pensées suicidaires, et que près de 20% de celles et ceux qui sont en traitement ont commis des tentatives de suicide par le passé.

Si vous-même ou un proche avez des pensées suicidaires, c’est un critère d’urgence et il faut agir très vite : appelez dès que possible le 0800 040 080.

Voici quelques caractéristiques qui font que certaines personnes sont plus vulnérables au risque de développer un comportement de jeu excessif :

  • Avoir grandi avec le jeu, commencé à jouer jeune
  • Avoir gagné un lot élevé dès le départ
  • Avoir une confiance erronée dans les chances de gagner
  • Jouer pour échapper à la solitude, à l’ennui ou à la détresse
  • Avoir tendance à l’impulsivité
  • Avoir des problèmes financiers
  • Vivre une situation difficile comme une perte ou du stresse
  • Jouer pour affronter des problèmes de santé ou une douleur physique
  • Avoir des difficultés avec l’alcool, des drogues ou de santé mentale

Voici quelques conseils pour garder la maitrise de son jeu et éviter de développer des problèmes :

  • Chaque fois que vous misez, fixez une limite que vous pouvez vous permettre de perdre et ne la dépassez pas
  • Considérez que l’argent dépensé en jouant est le prix que vous payez pour vous divertir
  • Ne dépassez pas la somme que vous vous êtes fixées pour jouer en retirant plus d’argent à l’aide de vos cartes bancaires et de crédit
  • Laissez vos cartes bancaires à la maison
  • N’empruntez pas d’argent à votre famille, vos amis ou connaissances pour jouer dans un établissement de jeu
  • Prenez fréquemment des pauses
  • Demandez de l’aide dès que vous commencez à perdre plus d’argent que vous l’aviez prévu ou que vous pouvez vous le permettre. Parlez de votre situation à des personnes de confiance ou à des professionnels

Le jeu excessif est une addiction, qui amène beaucoup de souffrance. Quelle que soit la situation, le rétablissement est possible avec de l’aide et le soutien adéquat. N’hésitez pas à prendre contact en appelant le numéro sos-jeu au 0800 040 080 pour un entretien gratuit et anonyme.

En attendant, des techniques simples permettent déjà de limiter les problèmes :

  • Demandez à vous faire interdire de jeu
  • Demandez à votre banque de fixer un montant de retrait quotidien
  • Annulez vos cartes de crédit
  • Faites un budget au début de chaque semaine pour vos activités. Si c’est trop difficile, octroyez-vous une somme fixe, modeste et réaliste par jour
  • Planifiez vos journées à l’avance et ne gardez pas de longues plages de libres, surtout dans la période suivant une entrée d’argent
  • Apprenez à repérer les sensations et émotions que vous ressentez au moment où l’envie de jouer vous prend et à les utiliser comme « signaux d’alarme »
  • Parlez à une personne de confiance de votre envie de jouer avant de le faire : cet acte peut dissiper votre envie.
  • Faites gérer votre argent par une personne de confiance

Le jeu excessif a des conséquences graves qui peuvent impacter plusieurs domaines de la vie d’un joueur ou d’une joueuse :

  • Conséquences financières : pertes d’argent, endettement, des factures non payées et utilisation des budgets destinés à d’autres fins (p. ex. loyer, nourriture, etc.).
  • Conséquences conjugales et familiales : conflits conjugaux et familiaux, mensonges et manque de communication, violence verbale ou physique et même séparations ou divorces.
  • Conséquences sociales : isolement, emprunts, conflits avec l’entourage, précarisation.
  • Conséquences émotionnelles : dépression, anxiété, honte, culpabilité, idées suicidaires avec ou sans passage à l’acte.
  • Conséquences professionnelles : retards, absentéisme, irritabilité, manque de concentration, licenciement.
  • Conséquences judiciaires : activités illégales (vols, détournement d’argent), suites pénales ou civiles.

Il n’existe pas de réponse simple à cette question et les chercheurs tentent d’expliquer ce comportement. Voici quelques-unes des explications les plus souvent invoquées :

L’évasion ou le soulagement

Le jeu peut permettre de fuir provisoirement des sentiments déplaisants, comme ceux qui accompagnent la dépression, l’ennui, le stress ou le deuil, ou encore d’échapper brièvement à des problèmes comme ceux qui se présentent sur le plan professionnel ou humain.

L’action

L’excitation du jeu, associée à la possibilité de gagner de l’argent, peut donner aux joueurs un plaisir tel qu’ils continuent parfois à jouer malgré les problèmes posés.

L’effet des gains occasionnels

Il arrive à tous les joueurs de gagner de temps en temps. Pour certaines personnes, il leur est d’autant plus difficile d’arrêter de jouer qu’elles croient que le prochain pari pourrait les faire gagner.

Le renforcement

Les joueurs peuvent se laisser prendre par la répétitivité du jeu en soi et par les stimulations visuelles et auditives qui l’accompagnent.

Le piège

Les joueurs excessifs consacrent du temps, de l’énergie et beaucoup d’argent au jeu. Après avoir perdu un gros montant d’argent, ils commencent à considérer leurs dépenses comme un « investissement » plutôt que comme le coût d’un loisir. Certains essaient de récupérer cet « investissement » en continuant de jouer. Ils tentent de regagner leurs pertes en ignorant qu’ils sont engagés dans un cercle vicieux.

Les joueurs excessifs ont souvent des croyances erronées sur la façon dont ils peuvent améliorer leurs chances de gagner. Ces croyances erronées sont des mécanismes cognitifs puissants qui peuvent inciter les joueurs à jouer de plus en plus d’argent en espérant récupérer ce qu’ils ont perdu. Voici quelques exemples de ces croyances :

  • L’illusion des séries : ce biais fait percevoir, à tort, des suites logiques là où il n’y a que du hasard
  • La négation de l’indépendance des tours : chaque fois que l’on presse le bouton de la machine à sous, le résultat est totalement indépendant du tour précédent.
  • L’illusion de contrôle : la personne surestime ses capacités à exercer un contrôle sur des évènements. Elle a un porte-bonheur ou croit en des superstitions.
  • Le biais d’optimisme : la probabilité de remporter le jackpot à l’Euromillions est de 1 sur 140 millions. Pourtant, toutes les personnes qui jouent espèrent le gagner : elles ont un biais d’optimisme.
  • L’excès de confiance : ce biais fait croire à la personne que les gains réalisés sont dus à ses compétences et non au hasard. Ce biais est particulièrement fréquent dans les paris sportifs.

Voici quelques exemples de pensées qui comportement des fausses croyances et ont un impact négatif sur le joueur :

  • « Je parie toujours sur la même équipe. Si je change mon pari, je risque de diminuer mes chances de gagner »
  • « C’est vendredi 13, ça va me porter chance »
  • « Je vais mieux jouer la prochaine fois parce que je connais mieux la machine »
  • « Cette fois-ci, je vais gagner, je le sens »
  • « Un jour je gagnerai et alors j’arrêterai de jouer »
  • « Cette machine n’a rien craché depuis un moment : la prochaine fois, c’est pour moi »

Les joueuses et joueurs ne sont pas les seuls responsables de l’addiction au jeu. L’industrie du jeu a également recours à des stratégies pour favoriser les comportements de jeu excessif, qui lui rapporte beaucoup d’argent. Connaitre ces mécanismes et être informé permet de se protéger.

Voici quelques exemples :

  • Création de l’illusion du probable : en faisant de la publicité pour les gagnants, l’industrie du jeu renforce le biais d’optimisme
  • Les casinos ne comportent ni horloge, ni fenêtre, des repas sont servis à toute heure… ces stratagèmes permettent de vous faire perdre la notion du temps
  • Vous avez gratté un billet et il vous manquait juste un symbole pour gagner le jackpot ? Cette technique s’appelle un « quasi-gain » et vise à vous faire croire que vous n’étiez pas loin de gagner
  • La publicité vise également à renforcer le biais d’optimisme ainsi qu’à banaliser les jeux d’argent et toucher un public plus large (les jeunes notamment)

Les jeux de hasard et d’argent ne sont autorisés qu’à partir de 18 ans. Pourtant, de nombreuses et nombreux mineurs y sont exposés. On estime que 4,6% des 15-24 ans ont un problème de jeu. Selon une recherche effectuée auprès d’adolescentes et adolescents du canton de Fribourg, 62% d’entre eux avaient déjà misé une fois de l’argent au cours de leur vie, 65% avaient parié dans la dernière année et 24% pariaient au moins une fois par semaine.

Tous les chercheurs concluent à l’extrême précocité de la prise des habitudes de jeu ; des études récentes estiment que l’âge de l’initiation tourne autour de 10 ans. La survenue d’un problème de jeu excessif précoce va de pair avec la croissance de l’offre et des possibilités de jeu sur internet. Les jeux vidéo, qui restent une activité culturelle extrêmement populaire auprès des jeunes, ressemblent de plus en plus à des jeux d’argent. Les jeunes qui font des microtransactions et achètent des loot boxes ont plus de risque de devenir des joueurs de jeux d’argent à risque.

La confidentialité des renseignements est un élément essentiel de tous les services d’aide et de traitement. Le respect de cette confidentialité est une obligation légale qui s’applique à tout professionnel de la santé, et qui est garantie par des dispositions pénales en cas de violation.

Les renseignements personnels sont donc strictement confidentiels. Les professionnels ne sont pas là pour émettre des jugements de valeur, mais pour apporter les informations et outils susceptibles d’accompagner utilement le joueur dans sa démarche personnelle de résolution des difficultés qu’il rencontre dans son rapport au jeu.